En vert et contre tout
















Une légende aussi vieille que l'industrie du disque elle-même l'affirme sèchement : choisir, pour son album, une pochette verte, ou à dominante verte, c'est suicidaire. Le bide assuré.

"Le vert, les gens n'aiment pas, les gens n'achètent pas". J'ai toujours entendu dire ça, régulièrement, à la télé, dans des journaux ou ailleurs, par des experts en marketing musical (pour un peu que ça existe)... Pas bien, le vert. Autant sortir une pochette avec la photo d'une vieille femme se grattant les pieds, ou de trois curés pissant contre un mur.

Pourquoi tant de haine contre le vert ? Ça fait partie de ces pré-conceptions pot-de-colle qu'on a toujours un mal fou à combattre. Dans le monde de la presse magazine, on dit qu'il faut forcément avoir un logo rouge (je sais pas si vous pensez à des exemples ?). Et donc, dans la musique, qu'il faut fuir le vert.

Notez au passage que cette religion anti-vert a quand même fait un sacré paquet d'émules dans l'histoire des pochettes de disques, puisque les dits-emballages verdoyants sont presque aussi rares dans nos discothèques hétérogènes que les loups dans les Alpes françaises...
(nota bene : je vais mentionner un peu plus bas dans ce blog quelques fameux contre-exemples, alors ne quittez pas).

Pourquoi je vous parle de ça, là, maintenant ? Parce qu'en fait, avec mes camarades de piscine Etienne et Fabien (les admirables deux autres tiers du merveilleux trio français 49 Swimming Pools), on pense avoir trouvé l'image parfaite pour notre deuxième album - qui paraîtra, d'après l'AFP, Reuters, The Times of Treigny et le Bréhémont Herald Tribune, au tout début de l'année 2011.

Disque que nous commencerons à enregistrer dans quatre semaines. Au vert.

Or, cette image, pour ce deuxième album, est... comment dire... à dominante... verte. Pourtant, moi, dans l'absolu, je ne suis pas trop fan du vert.

Vous comprendrez que je ne puisse pas, comme ça, vous la montrer, cette image. L'espionnage industriel existe aussi dans l'indie-pop-rock-land, et je suspecte depuis des années certains jeunes blancs-becs à guitare en bois et fine moustache de vouloir me piquer mes idées, alors la plus grande discrétion s'impose
(naan, j'déconne - mais n'empêche, peut pas vous montrer la chose, toutefois d'une grande beauté graphique, je vous demande juste de me croire sur parole...)

Enfin bref. C'est ainsi : verte (et un peu noire, aussi), vraisemblablement, sera notre prochaine pochette, après le cheval black-and-white qui s'affiche sur notre si splendide premier disque (auquel vous êtes évidemment tous accrocs).

Vert, oui. Est-ce suicidaire ? Je ne sais pas... En tout cas, pour essayer de conjurer le mauvais sort, hier soir, en m'endormant (eh oui, les pop stars mondiales ont elles aussi besoin de sommeil parfois...), j'ai essayé de me remémorer, comme ça, in bed with myself, quelques pochettes à dominante verte de disques que j'aime bien. Voire bien bien. Voire bien bien vraiment beaucoup.

Voilà qui donne une sorte de Top Spécial Green assez frais d'esprit.

Faites l'exercice, vous verrez, c'est assez amusant... Elles ne sont pas si nombreuses, ces pochettes vertes, mais avec un peu de concentration, elles vous reviendront sans doute à l'esprit.


Et d'abord, étrangement, j'ai pensé à des disques des
Verlaines (et notamment celui-là, Juvenilia), vous savez, ce fameux groupe néo-zélandais(sur le fabuleux label Flying Nun) adoré depuis les mid-80's. Eux, le vert ne leur a jamais fait peur. Peut-être parce que leur île est un torrent de verdure.



Ensuite, j'ai pensé à
Costello. Généralement, les fans hardcore de l'Elvis bis n'aiment pas trop Spike, mais moi, j'adore ce disque. En fait, je le voyais même plus vert que ça... En fait, c'est surtout le titre, qui imprime sa marque, sur fond de tissus écossais joliment raccord.





Troisième pochette à m'être revenue, celle de l'album de
Miracle Legion, Me and Mr Ray, un autre disque adoré, usé jusqu'à la corde. Si vous ne connaissez pas ces Américains bien détendus des boots, vous manquez quelque chose. Ce disque-là aussi date de la fin des années 80, et pour moi, c'est leur meilleur.



Bon, et puis évidemment, il y a
The Queen is dead, des Smiths, avec son Alain Delon tout verdâtre. Preuve absolue que ce bon vieux Moz n'est pas du genre à se laisser impressionner par des pseudo-théories marketingo-graphico-négatives. D'ailleurs, Meat is murder, déjà, clignotait un peu vert... Et que je sache, ça n'a pas trop porté préjudice à nos idoles mancuniennes, hein.

A partir de là, par association d'idées, quoique dans un joyeux désordre, plusieurs autres pochettes me sont apparues. Mon cerveau est devenu tout vert. Une vraie prairie normande un jour de pluie. Weezer (The Green album, carrément !) ; le fameux Pink Floyd avec la vache (on pense d'abord à la vache, bien sûr, mais sous ses papattes, sauf erreur de ma part, verte est l'herbe drue !!!), disque par ailleurs (mal) connu sous le nom de Atom heart mother ; mais aussi, mais encore... Grant Lee Buffalo, avec son fringuant Mighty Joe Moon ; Roxy Music, avec nos deux petites chéries sur fond vert (vert paille, disons), et puis, et puis... quelques autres pochettes encore. Des disques des Pogues (forcément, des Irlandais), des Violent Femmes (Hallowed ground est un peu vert très sombre, non ? - sur l'image ci-dessous, ce n'est pas très flagrant, il faudrait que je vérifie sur la version vinyle rangée chez my (not atomic) mother)...





















Enfin bref, tout ça pour dire que, s'il est assez rare, le vert discographique n'est quand même pas totalement tricard. La preuve, en cherchant un peu, on arrive facilement, de tête, à retrouver quelques verts spécimens...

Malgré tout, une question reste posée, et dramatiquement sans réponse :

pourquoi diable l'album Green de REM est-il... orange ???









PS : très juste ajout de David dans le commentaire ci-dessous : les Trash Can Sinatras, yes ! Superbe disque vert en effet. Belle And Sebastian, itou. Et Echo !, yes, yes, absolutly. Echo and The Bunnymen me semble même, dans l'esprit, dans l'âme, un groupe assez vert (foncé), ou oscillant du vert bouteille au bleu nuit, deux couleurs qui ont marqué toute sa carrière, et ses pochettes.


Posts les plus consultés de ce blog

James, Tim Booth, Manchester, une époque bénie (suite et... longue... fin).

De l'importance de l'emballage