Le goût des accidents heureux

L'autre jour, au bureau, quelqu'un disait : "je trouve qu'on ne se donne pas assez le temps des accidents heureux." C'est à dire (je reprends son propos à mon compte) : qu'on ne prend pas assez souvent le risque de se tromper. De dévier, dans nos conversations, de se laisser porter par le fil du dialogue, pour qu'à un moment, comme par accident, surgisse quelque chose d'imprévu. 


Il parlait là de son travail de journaliste, de la vie collective dans une rédaction, mais évidemment, cette notion s'applique encore plus dès qu'on parle de création. Il se trouve que, dans mon "autre vie", celle de musicien, j'ai toujours cette idée en tête, justement. Laisser subvenir l'accident... Parce qu'il ne peut pas y avoir de vie artistique si tout est calculé, si on sors juste son GPS et attache sagement sa ceinture de sécurité. 


Au contraire, c'est en ne sachant pas trop où l'on va qu'on finit souvent par arriver dans un endroit (ou un envers) intéressant. Raison pour laquelle je me suis finalement dit, ces jours-ci, après deux ou trois ans à tourner vaguement autour de la question : et si j'écrivais un blog ? 


Pour voir ce qui peut advenir. Pour lancer des pistes, aux autres et aussi à moi-même. Formuler des choses, essayer de mettre des mots - sur la musique, sur ce qu'elle me fait/nous fait, sur la façon dont elle colore nos vies.


Ce ne sera pas (j'espère) un blog de journaliste spécialisé (sinon je l'aurais fait pour le site de Télérama). Ce ne sera pas non plus (j'espère bis) un blog de musicien obsédé par sa petite personne. Ce sera plutôt, j'espère, une sorte de journal perso ouvert aux autres, et qui me permettra peut-être de "fixer" des choses. 


Des instantanés qui me tombent dessus, depuis que j'ai retrouvé la vie des concerts (au sein de 49 Swimming Pools, avec mes grands amis Etienne et Fabien). Sur la route, quand on joue à St Brieuc ou à Bruxelles, on voit, on ressent, on entend des tas de choses. 


On rencontre aussi des gens, et avec eux, on parle de musique. Jusqu'à tard le soir. Par exemple à Lille, samedi soir, avec Loïc et Juliette. Autour de la petite table noire, dans la belle Péniche relookée black'n'roll où l'on vient de jouer deux heures plus tôt, l'évocation d'un disque de 1996 amène à reparler d'un concert de 1992, puis d'un autre, de dix concerts, et de dix groupes, et de vingt autres groupes. On croit tous se lancer dans une conversation de quelques minutes, puis on se retrouve embarqués dans un de ces dialogues "montagnes-russes" d'où surgissent des éclats, des désaccords, des plaidoyers, des applaudissements nostalgiques. Des accidents heureux, en somme. 


Aléatoire, vivant, pas très bien défini (du tout), voilà ce que j'essaierai de faire de ce blog.


J'y parlerai parfois de chansons qui me touchent, me stimulent, ou parfois même me terrassent (ainsi qu'a pu me terrasser à peu près toute l'oeuvre du géant Peter Milton Walsh, dont nous serons forcément appelés à nous reparler).


On pourra également s'échanger des liens, s'indiquer des articles, des lectures. Parfois aussi, j'écrirai des petites playlists en 10 disques ou chansons, pour maintenant ou plus tard. Et puis d'autres fois, quand le temps manquera, ce sera juste un nom, juste un titre, peut-être un bout de commentaire. Comme une bande-son du jour. 


Par exemple, aujourd'hui, ce serait cette merveille de chanson qui figure dans mon top 20 de tous les temps....


What's the morning for,

de THE APARMENTS (1985).


myspace.com/theapartments

Sur Wikipedia

Sur All Music Guide


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